« Nos derniers instants de Liberté » | 2020

29 octobre 2020, veille d’un nouveau confinement. Le soleil brille haut dans le ciel. L’occasion qui se présente là est trop belle pour ne pas la saisir. C’est ainsi que je me presse de rentrer chez moi après ma journée de travail. Je ne veux pas perdre une minute de ces derniers rayons lumineux.

 

Date de sortie : 29 octobre 2020
Sport : Marche / Nature : Randonnée libre
Lieu de départ : Saint-Priest-en-Jarez (42270) – Loire
Distance : 11 km
Altitude minimale : 452 m / Altitude maximale : 659 m
Dénivelé + : 231 m

S’il fait doux, l’atmosphère est lourde. Il semble flotter dans l’air une chape de plomb, un parfum qui ne nous est pas inconnu mais que nous aurions préféré éviter de sentir une seconde fois en l’espace de quelques mois. A cette période de l’année, la nuit tombe vite et je me dépêche d’atteindre les hauteurs du village escarpé de la Tour-en-Jarez afin de profiter du coucher de soleil. Croix de l’Orme, je le voit qui décline à l’horizon offrant à qui veut bien s’arrêter et lever les yeux un festival de lumière dont lui seul a le secret.

Un battement de cils, un clignement de paupières et voilà que le soleil disparaît derrière les reliefs emportant avec lui une partie de nos libertés individuelles. Une seconde fois cette année. Pour combien de mois encore? Sera-t-il le dernier? Contraignant et pourtant si important.

Tout est si paisible. Seuls quelques runners profitants des derniers instants de clair-obscur et les jappements sourds d’un chien brisent le silence. La lune a remplacé l’astre du jour et s’est sous sa douce lueur que je m’avance vers l’église Saint-Georges, son Calvaire, son belvédère. Dans la pénombre, une jeune femme est assise en tailleur sur la table d’orientation. Elle est probablement venue assister au coucher de soleil. Tandis que le carmin s’est presque évanoui, un banc sombre de nuages se dessine à l’ouest. Et sous cet horizon aux teintes jaune-orangé, la ville semble être endormie, seulement éclairée par la lumière jaunâtre des réverbères et par celle scintillante des serpentins lumineux composés des trop nombreuses voitures. Nous échangeons quelques mots, un sourire timide, un dernier regard et nous nous souhaitons mutuellement un bon confinement…

Gilbert Keith Chesterton disait: “Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles mais uniquement par manque d’émerveillement.”

Aujourd’hui je peux dire que ce monde est beau et qu’il a encore beaucoup à nous offrir pour peu que l’on prenne de temps de s’arrêter, de regarder, de s’imprégner des moments de bonheur… des parenthèses enchantées où le temps semble comme suspendu.