Un peu moins d’un an s’est écoulé depuis ma tentative infructueuse d’ascension du Mont Ventoux. Et je dois bien avoué que cette déconvenue m’est restée en travers la gorge. C’est donc logiquement que je retente ma chance en ce 5 août. Toujours versant Bédoin, toujours depuis le camping le Ménèque… et toujours sous une forte chaleur (environ 40°). Mon souhait sera donc resté vain.
Nous arrivons la veille aux alentours de 18 heures au camping le Ménèque. Après avoir pris possession du dernier emplacement restant, nous prenons la direction de Bédoin pour ce qui va devenir, à ce rythme, notre rituel annuel; à savoir, la visite du cœur historique de la ville et notamment la colline Saint-Antonin, d’où la vue sur le Géant de Provence est propice à l’évocation des bons souvenirs, ou moins bons. Mais dans les deux cas avec toujours le même objectif en tête, l’ascension du Mont Chauve.
Date de sortie : 5 août 2015
Sport : Marche / Nature : Randonnée libre
Nombre de participants : 1
Lieu de départ : Bédoin (84410) – Vaucluse
Distance : 40 km
Altitude minimale : 292 m / Altitude maximale : 1911 m
Dénivelé : 1712 m
Météo : Soleil (forte chaleur)
Album photo : Le Mont Ventoux 2015
Trace GPS
La nuit sous la tente est nettement plus calme que la dernière passée ici même il y a un an et durant laquelle un orage avait résonné dans le ciel de Bédoin. Au cloché, 6 heures sonne le début de la journée. Il fait déjà chaud et la bonne conduite de l’objectif résidera principalement en la capacité de supporter la chaleur. Le temps de prendre un petit déjeuner copieux et de se préparer, nous partons chacun de notre côté une heure plus tard.
Sur la route en faux plats montants, les quatre premiers kilomètres au travers les vignes me permettent de me mettre en jambe avant d’entamer véritablement les quinze kilomètres d’ascension. Ce qui ne correspond pas au chemin le plus court pour atteindre le sommet. A l’entrée dans la combe d’Ansis (526 m), la forêt semble se refermer derrière moi me laissant désormais plus qu’un seul choix, celui d’avancer. A travers les espaces ajourés du massif des Cèdres, les rayons du soleil voyage en douceur et m’enveloppe de leur chaleur. Je décide de faire un petit détour par le Jas du Mourre avant de prendre la direction des Reillas (1011 m) et de la Grave (1316 m) en empruntant la combe du même nom. Situé à 1041 mètre d’altitude, cette bergerie a été entièrement réhabilité en refuge ouvert par l’APARE (Association pour la participation et l’action régionale).
La pente est régulière et les sentiers, bien que caillouteux, ne sont pas difficiles ce qui facilite d’autant ma progression. Peu à peu et à mesure de l’ascension, le Mont Ventoux me rappelle combien il est un « être chauve ». Le soleil commence à taper fort et l’ombre, ô combien appréciable, se fait de plus en plus rare et de moins en moins épaisse. Je remonte par la droite le pierrier escarpé vers le crêt « Les Hermitants » (1345 m). Il m’est ainsi possible de voire l’enfilade de la combe précédemment traversée et pour la première fois depuis le départ; l’observatoire. De là, je rejoins la plaine des Hermitants (1452 m) puis le Chalet Reynard (1420 m).
La fin de l’ascension sera identique à celle d’il y a 3 ans, l’épais brouillard en moins, la beauté des paysages en plus. Après le restaurant, le kilomètre à 16% de moyenne pour atteindre la ligne de crête est peut-être le plus difficile du parcours. Les arbres se rabougrissent, les premiers cailloux blancs apparaissent sur le sentier. Comme il est d’habitude de le dire, le paysage de ce col mythique devient peu à peu lunaire. Un troupeau paisible de mouton recherche les rares zones d’ombres. Bientôt, tout est blanc. M’imprégnant d’une vue grandiose à 360°, je continue d’avancer le long des crêtes jusqu’à atteindre le sommet. L’impression d’altitude est intense. La chaleur aussi. On frôle les 40°. Il est 13h00 soit un peu moins de 5 heures de montée effective depuis le début de la Combe d’Ansis.
Après un passage au radôme, à proximité de la Chapelle Sainte-Croix, je retrouve tant bien que mal la trace qui redescend sur Bédoin. Dans un décor minéral, la sente longue de deux kilomètres jusqu’au jas des Pèlerins (1514 m, le plus élevé) est assez raide et la prudence est de mise dans ces pierriers. Les pierres roulent sous les pieds et le risque de chute présent à la moindre faute d’inattention. Mes réserves en eau s’amenuisent. Il me reste à peine plus d’un demi litre pour boucler les derniers 15 km qui me sépare encore du camping. A gauche, j’emprunte un chemin forestier carrossable. Le sentier n’est pas très raide mais de surcroît très long. Une bénédiction tout de même pour les articulations. Cette journée promettait d’être très chaude. Elle l’est. Même en descente les chaleurs sont pénibles et chaque parcelle d’ombre sur les bas côtés est une bouffée d’oxygène. Je le quitte au Collet Rouge Haut (1053 m). La discrète sente typée « Provence » serpente alors entre les petits buissons au-dessus de la secrète combe de Malaval et Baume du Chat (une idée rando pour un prochain Ventoux…) jusqu’à « Les Combarets » (456 m).
Je passe à proximité du domaine de Bélézy avant de rentrer dans Bédoin puis de retrouver le camping, chose qui sera faite peu après 18h30.
Je lève la tête une dernière fois en direction du sommet pour m’apercevoir que ce dernier s’est enveloppé d’un nuage de coton du plus bel effet.
Record de distance battu avec 40 km. L’ampleur de cette ascension de 1700m de dénivellation me fait passer au cœur des vignobles du piémont du Ventoux au désert de pierre du sommet en traversant tous les étages de végétation. Le sommet est magnifique. Isolé, il offre un panorama exceptionnel. Le Mont Ventoux est bien « la sentinelle avancée des Alpes ».