« Col des Thuiles & La Malune » | 2016

Retour quatre mois avant. Le 3 mars, j’avais un accident du travail. Les résultats négatifs m’incite à l’optimisme. Mais devant mes difficultés à marcher et même à rester assis, je décide de consulter un médecin du sport qui me diagnostique un syndrome fémoro-patelaire ou syndrome rotulien ayant engendré une tendinite des ischio-jambiers. Y paraît… Depuis, j’enchaîne les séances chez ma kinésithérapeute à qui j’adresse un clin d’œil.

Mais ce week-end, que l’on ne vienne pas me parler de rééducation. En effet, celui-ci marque mon retour sur les terres qui ont abrité ce qui reste peut être ma plus belle rando en terme de dépaysement et de difficulté, à savoir l’ascension du Chapeau de Gendarme (38km et 1800m d+) en 2014.

Alors bien sûr, il n’est pas question de foutre en l’air le travail qui a été fait jusqu’ici mais bien de se changer les idées parce que ces quatre mois auront été éprouvant physiquement. Et moralement plus encore. Alors ce week-end, je n’ai pas d’objectif sportif avoué mais plutôt un souhait. Celui de prendre un maximum de plaisir en pratiquant un sport que j’aime, en profitant des paysages somptueux offerts par mère nature, et ce en restant à l’écoute de mon corps. Je ferai en fonction de la forme du jour.

Jour 1 : Découverte de la station de Pra-Loup et balade « Le Clos du Serre »

8h00, le réveil sonne. C’est parti pour ce week-end Alpin. Le trajet fait de jour, la climatisation est appréciable. La nouvelle voiture (une mégane 3) de mon frère aussi ;-). Le temps d’une pause pique-nique salvatrice dans la station de Super-Sauze et le temps pour mon frère de retirer son dossard pour la cyclo des fondus de l’Ubaye, nous prenons possession de notre studio situé cette fois-ci à Pra-Loup 1600 sur les coups de 17h30. Et là, nous avons l’agréable surprise d’être surclassé. Ce n’est non pas dans un studio de 25m2 que nous allons passer le week-end, mais bien dans un appartement six couchages de 40m2 tout confort. De plus, il sera possible de rendre les clefs vers les 18h le dimanche ce qui devrait permettre de profiter davantage de ce dernier jour. Le séjour ne pouvait décidément pas mieux commencé.

En fin de soirée, nous décidons de profiter de la fraîcheur pour faire quelques pas dans la station. Les commerces sont fermés et pas l’ombre d’une personne dehors. Le dernier jour, un habitué des lieux m’apprendra qu’en cette période de l’année, la station n’a pas encore ouverte. Une ville fantôme ! Nous prenons finalement un sentier de remise en forme avant de bifurquer sur la droite en direction du « Clos du Serre » (alt. 1814 m) qui n’est autre qu’un restaurant d’altitude. 200 mètres de dénivelé positif qui offre une bonne petite mise en jambe. Nous continuons sur Pra-Loup en empruntant, en sous-bois, des pistes de VTT de descente désertes à cette période. Pas trop de douleurs dans le genou, plutôt bon signe pour le lendemain.

Jour 2 : Le Col des Thuiles (ou col des Agneliers) et retour par le lac artificiel de Pra-Loup

Date de sortie : 25 juin 2016
Sport : Marche / Nature : Randonnée libre
Nombre de participants : 1
Lieu de départ : Pra-Loup (04400) – Alpes-de-Haute-Provence
Distance : 21 km
Altitude minimale : 1581 m / Altitude maximale : 2391 m
Dénivelé : 926 m
Météo : Soleil et ciel peu nuageux
Trace GPS

Il est facilement 10h00 quand je pars pour ma rando du jour. J’aurais bien profité de la nuit. La chaleur commence à se faire ressentir mais heureusement on est loin des grosses chaleurs. En outre, je n’aurai que très peu l’occasion de « fondre » au soleil puisque la majeure partie de la montée est faite en forêt. Effectivement, dès le parking des neiges atteint, je prends à main droite, le chemin en direction du Col des Thuiles. Au vue des sensations de la veille, j’estime que cette rando est finalement jouable. Et puis, il me restera toujours la possibilité de raccourcir ou de faire demi-tour…

J’ai presque du mal à croire qui je me dirige vers le Col des Agneliers tant le chemin, si large et carrossable sur près de 3km, ne présente aucune difficulté (très léger faux-plats) ce qui offre une parfaite petite mise en jambe. De même, il ne me laisse pas l’impression d’être en station mais dans les bois. La cime des arbres semble griffer un ciel bleu azur. Après avoir laissé un groupe de vététistes traverser le torrent de Langaï, je le franchi à mon tour puis bifurque peu après sur ma gauche. Ce virage-là est tout sauf anodin puisque le sentier si large du début de rando se transforme en une sente à la pente sévère par endroit serpentant entre les arbres, enjambant le torrent des Bruns et traversant de petites prairies et m’offrant à certaines occasions de beaux points du vue sur les montagnes aux alentours. Il marque le début des difficultés. A partir de ce point j’entre véritablement dans ma randonnée (et au passage, au royaume des toiles d’araignées).

Je découvre la brèche du rocher de « l’Aiguille » (alt. 1765 m) et sa croix perdue au milieu de nul part puis me dirige vers la Crête des Vallonnets (alt. 2080 m). Au fur et à mesure que la pente s’élève, l’itinéraire s’ouvre peu à peu aux panoramas et les sommets pour certains enneigés s’offrent à mes yeux. L’étroit sentier progresse au cœur de la forêt domaniale de Gimette.

Les ruisseaux et torrents jalonnent mon parcours tandis que le bruit de l’eau me transporte jusqu’au sommet. Le faux-plat qui s’ensuit jusqu’au torrent du même nom que je traverse les pieds dans l’eau me permet de récupérer. Un peu plus loin, je sors de la forêt et arrive dans une grande étendue herbeuse parsemée de pissenlits et de roches où les bergers et éleveurs font paître leur troupeau. A noter la présence de loup dans la région. Sur les coups de 13h00, j’atteins la « Grande Cabane » (alt. 2138 m) dans laquelle il est possible de se réfugier en cas de mauvais temps. Dominée par la Grande Séloane la vue y est magnifique et l’atmosphère de haute montagne bien présente.

Après avoir avalé une barre de céréale, je traverse tranquillement les pâturages avant d’affronter les dernières pentes qui me mèneront au Col des Thuiles (alt. 2376 m), lequel assure le passage entre l’Ubaye et le Haut-Verdon. Les plus raides ? Sans doute les plus difficiles car elles traversent des éboulis rocheux au pied d’une imposante falaise. Sous le regard des marmottes je rejoins le sommet une demi-heure plus tard en empruntant un couloir d’air frais où quelques névés sont encore présents.

C’est quelques mètres plus loin que je décide de faire une pause pique-nique en face des massifs montagneux qui découpe un ciel bleu maintenant chargé de nuages. Ces instants-là resteront gravés pour longtemps dans ma mémoire. La forme est là et je ne suis pas trop éprouvé par l’ascension. Sans ses problèmes aux genoux je pense que j’aurai pu continuer un peu plus loin, vers la Grande Séloane qui sait ? Mais je préfère ne pas prendre de risque et reprendre la direction de Pra-Loup. Je sais d’ores et déjà que la descente sera le plus pénible pour les articulations.

Je contourne donc une partie de la Crête de de Costebelle en passant par les Quartiers (alt. 2350 m) et par Baisse du Péguieou (alt. 2400 m). C’est un pur plaisir d’évoluer dans de pareils décors. Les nuages animant ce ciel d’été semblent donner un peu plus de relief à ces paysages qui n’en manque déjà pas. Puis je rallie le lac artificiel (alt. 2253 m) de Pra-Loup dont je fais le tour. Il est utilisé entre autre pour la neige de culture.

Et même si je suis en présence ici d’un paysage plus « mécanique » du fait des aménagements de la station, les trois éléments que sont l’eau, la terre et l’air se mélangent en un tout harmonieux pour le seul plaisir des yeux. Grandiose. Gendarmerie & Chapeau de Gendarme. Hasard ou pas?Plus tard, au cœur de prairie fleurissante et de forêt verdissante, tout est si calme et si paisible. Je redescends par un chemin très agréable à fréquenter sur la Cabane de Berger (alt. 2195 m). Malheureusement, suivant la direction de Pra-Loup, je m’écarte du pittoresque itinéraire menant au belvédère du Fau et c’est en majeure partie via le chemin, raide et sans cachet du Bull que je regagne la station. Il est 16h15, fin d’un belle randonnée entamée 6 heures plus tôt.

Jour 3 : Randonnée « La Malune »

Date de sortie : 26 juin 2016
Sport : Marche / Nature : Randonnée libre
Nombre de participants : 1
Lieu de départ : Pra-Loup (04400) – Alpes-de-Haute-Provence
Distance : 13 km
Altitude minimale : 1560 m / Altitude maximale : 1735 m
Dénivelé : 513 m
Météo : Soleil et ciel peu nuageux
Trace GPS

Dernier jour de ce week-end alpin. La forme est bonne et je n’ai pas vraiment mal aux genoux malgré une gêne évidente. Bonne nouvelle, je décide donc d’utiliser ce matin pour retourner marcher. Il est 8h00, je chausse les Merrell et prends la direction de la Malune, circuit repéré le premier jour. Je traverse la station avant d’emprunter le sentier confortable balisé en jaune, me menant en majeur partie en sous-bois sur Les Molanès, et plus précisément au hameau des Blancs. Ravin du FauIci, il est difficile d’imaginer que plusieurs décennies auparavant, une mosaïque de chant où l’on cultive l’orge, le seigle et les lentilles remplaçaient le téléski, les pistes de ski et autres chalets. Au sorti du hameau, j’aborde des zones érodées, plantées de pins, pour arriver au torrent du Fau. Peu après la cabane forestière (alt. 1715 m) du même nom, il est possible de prendre soit à droite vers le belvédère du Fau, soit à gauche vers la Malune ; itinéraire choisie.

Le sentier progresse au sud dans les forêts de mélèzes, près des anciens prés de fauches appartenant aux anciennes fermes du Villaret, jusqu’à débouché sur un « point de vue » (alt. 1730 m) où la vue sur le Chapeau de Gendarme et le Pain de Sucre est imprenable.Route à flanc de falaise du Col d’Allos S’amorce alors une descente assez raide vers les prés de la ferme de la Malune (alt. 1600 m) où la croix surplombe la jolie route taillée à flanc de falaise du col d’Allos. Après avoir cherché en vain le balisage qui me ramènerai sur Pra-Loup, j’apprends par un habitué des lieux que le retour se fait par le même itinéraire. J’arrive à l’appartement vers 12h30, fin d’une belle « promenade » sur les traces (plus ou moins fictives) de « Louis, 9 ans, lors d’une matinée d’été sereine en 1925. Aujourd’hui, il change, ravi d’échapper à la corvée des foins: son père lui a demandé de ramener à la ferme de la Malune le mulet prêté par les cousins ».

L’après-midi, c’est récupération devant le match des huitièmes de final de l’euro entre la France et l’Irlande. Résultat : 3 – 1 après une entame de match catastrophique. Nous pouvons regagner Chevrières au terme d’un beau week-end qui aura permis de s’oxygéner la tête.