Improvisation. “Improvisation” est sûrement le terme approprié pour qualifier cette petite randonnée au sein du massif du Pilat. Un qualificatif qui, la plupart du temps, sied parfaitement à mon frère lorsqu'il s'agit de planifier une randonnée… Ou justement, de ne pas planifier… C'est ainsi qu'il me convainc, quelques heures avant de partir, de découvrir les joies du bivouac avec l’immensité des paysages comme maison.
Date de sortie : 16 avril 2022
Sport : Marche / Nature : Randonnée libre
Lieu de départ : Graix (42220) – Loire
Distance : 13 km
Altitude minimale :1307 m / Altitude maximale : 1432 m
Dénivelé + : 370 m
Météo : Soleil
Album photo : Massif du Pilat, « Bivouac sous Lune Rose »
Trace GPS
Il est 17h00. Nous garons la voiture sur un parking, à droite de la route menant à la Jasserie. Ce sera le point de départ de notre petite balade. Les véritables objectifs de ces deux jours étant la nuit en bivouac sous la voûte céleste et le lever du soleil le lendemain, je passerais rapidement sur les détails de la randonnée. Le sac à dos chargé sur le dos, nous prenons en direction du crêt de la Perdrix, point culminant du Pilat (1432 m). Les premiers pas sont difficiles. Du haut de ce poste de vigie naturel, la vue circulaire sur des paysages riches et variés est admirable. Nos regards se perdent à l’horizon bouché si bien que le Mont-Blanc nous apparaît comme un nuage semblant coiffé le bâtiment militaire du crêt de Botte. L’impression de liberté propre à l’altitude est bien présente. Les sentiers des crêts que nous empruntons n’offrent que peu de dénivelé et de difficulté technique. Ce qui est parfait au vu de mon état de forme. Traversant un champ de myrtilles, nous prolongeons vers le crêt de la Chèvre, puis vers celui du Rachat en passant par le crêt de l’Etançon que nous rebaptisons pour l’occasion “les temps sont durs”. Chaque sommet offre un panorama à couper le souffle. Chaque “sommet” franchi, reste la volonté de découvrir le suivant. Passant à proximité du crêt de Botte, nous atteignons le crêt de l’Oeillon sur les coups de 19h00. La croix située en son sommet à 1378 mètres d’altitude semble revêtir une jolie robe or du plus bel apparat. Cependant, estimant l’endroit trop exposé au vent, nous décidons finalement de retourner au crêt cité précédemment.
Le jour décroît. Bientôt le satellite naturel de la terre succèdera à l’astre du jour. Nous nous mettons en chasse d’un emplacement, plat et surtout à l’abri pour y monter la tente. Trop occupé à cette tâche, nous manquons malheureusement le coucher de soleil. Il est presque 21h, l’heure d’aller casser une croûte. Assis à l’abri derrière un sapin, nous mangerons ce soir en face de la “Super Lune Rose”. Sa brillance éclaire d’une douce lueur la noirceur de la nuit et révèle avec elle la cime des arbres agitée par des rafales de vent se renforçant peu à peu au fil des minutes.
L’appellation “Lune rose” ou “Pink moon” coïncide en fait avec la première pleine lune de printemps. Or, en cette même période de l’année, fleurissent aux Etats-Unis les Phlox, fleurs de couleur… rose. Dès lors, cette expression tient davantage du calendrier terrestre que de la couleur astrale. Et si cet abus de langage au qualificatif plus poétique que pragmatique n’était-il pas une façon d’inciter les gens à lever les yeux au ciel; les encourageant à imaginer. A rêver.
Minuscule point sur le globe terrestre, nous balayons du regard le ciel clair sans nuages. Une nuit propice aux gelées nocturnes. Nous nous perdons dans l’immensité du système solaire. Tantôt en direction de l’astre de la nuit, tantôt vers cet alignement parfait de points lumineux qui est en fait un alignement des planètes Saturne, Mars et Vénus. Jupiter demeure introuvable. La parade astronomique est magnifique.
A coup sûr, la nuit sera agitée. Je sens mon frère inquiet quant à savoir si la tente résistera aux assauts d’Éole. L’esprit vaporeux, tentant en vain de trouver un sommeil fuyant, les rafales semblent jouer des notes de musique. L’atmosphère se rafraîchit peu à peu. Alors que les heures s’égrènent, le vent semble faiblir. Les sons basses fréquences deviennent de plus en plus audibles, précisant une fête techno sans doute sauvage ayant lieu tout près de notre demeure nocturne. Peut-être sur le parking de l’Oeillon. Quoi qu’il en soit, ils nous accompagneront jusqu’au prémices de ce dimanche de Pâques.
Malgré les températures fraîches, nous remontons tôt le matin au crêt de Botte. Cramoisie à l’horizon, les premières couleurs du soleil se levant pile au-dessus du Mont-Blanc se dégradent vers le haut passant du rouge au jaune et à un pâle vert d’eau. Le crêt de l’Oeillon à gauche et le Pic des Trois Dents à droite sont les témoins immobiles de ce spectacle grandiose. Une récompense inoubliable aussi pour ma première nuit en bivouac. Enfin, l’heure est donné de replier la tente, enrouler les matelas et sac de couchage. Bref, de ne laisser aucune trace de notre passage. Pendant toute l’heure suivante, alors que nous sommes sur le chemin du retour, empruntant notamment le très beau sentier passant par la borne des Trois Seigneurs, il a continué son ascension dans le ciel, réchauffant l’atmosphère et m’inspirant la certitude d’avoir vécu une expérience qui restera graver dans ma mémoire.